Comme chaque année, la Semaine de l’eau est l’occasion de réfléchir aux défis de l’eau et d’appeler les entreprises à agir pour protéger leurs activités et leurs communautés locales.
Le rôle et l’utilisation de l’eau sont omniprésents dans le cycle de vie de tout ce dont nous avons besoin, que nous utilisons et que nous produisons en tant qu’êtres humains. Dans certaines régions, elle est devenue l’une des ressources les plus contestées. Contrairement au défi des émissions de carbone auquel le monde est confronté, la crise de l’eau est un défi mondial qui doit être relevé au niveau local. La reconstitution des nappes phréatiques en Flandre n’aura pas d’impact sur les nappes phréatiques au Maroc. Cependant, le changement climatique s’avère être l’une des plus grandes menaces pour le système mondial de l’eau. Nous devons comprendre que l’eau et les émissions sont des défis qui doivent être relevés à l’unisson et qui ont un impact significatif et complexe les uns sur les autres.
Quels sont les défis auxquels sont confrontées les ressources en eau ?
Les défis liés à l’eau auxquels nous sommes confrontés ont des implications à plusieurs niveaux. Les risques liés à l’eau, tels que perçus par le public, se limitent généralement à des risques physiques tels que les sécheresses et les inondations. Cependant, les risques liés à l’eau peuvent avoir des répercussions considérables sur la stabilité économique et politique.
Dans le monde, 70 % de l’eau utilisée est destinée à la production alimentaire, dont 30 % est perdue ou gaspillée. Selon une étude de Morgan Stanley, l’écart entre la demande mondiale et l’offre d’eau douce atteindra 40 % d’ici à 2030. D’un point de vue économique, la Banque mondiale estime que la pénurie d’eau peut avoir un impact négatif de 11,5 % sur la croissance du PIB des pays menacés par la pénurie d’eau d’ici 2050. La combinaison de ces implications économiques avec les risques humanitaires liés à l’indisponibilité de l’eau potable se traduit facilement par des tensions politiques.
C’est le cas du conflit concernant la construction du barrage de la Grande Renaissance éthiopienne (GERD) sur le Nil Bleu, qui est le principal affluent du Nil. Le réservoir qui alimente la centrale hydroélectrique du GERD est suffisamment grand pour stocker la totalité du débit annuel du Nil Bleu, ce qui inquiète les pays en aval, l’Égypte et le Soudan, qui dépendent à 90 % du Nil pour leur approvisionnement en eau douce. Le GERD permet à l’Éthiopie d’exercer un contrôle sur le débit de la “veine de vie” de l’Égypte et du Soudan, ce qui entraîne une instabilité politique dans cette région. Le cas du GERD nous enseigne que bénéficier des énergies renouvelables peut créer des conflits avec les dépendances aux sources d’eau.
Au niveau européen :
Des conflits comme le projet GERD peuvent sembler un spectacle lointain pour les habitants du continent européen, mais les impacts du changement climatique font que la pénurie d’eau n’est plus considérée comme un événement rare en Europe. Le rapport 2021 de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) mentionne que 30 % des Européens sont affectés par le stress hydrique chaque année. Le changement climatique accentue la fréquence et l’intensité des sécheresses et des vagues de chaleur dans plusieurs pays, ajoutant à la pression sur la disponibilité de l’eau provenant de l’agriculture, de l’industrie manufacturière et du tourisme. L’UE a adopté un certain nombre de directives pour traiter la question de l’eau, notamment la directive-cadre sur l’eau (DCE), la directive européenne sur les inondations, la directive sur le traitement des eaux urbaines résiduaires (DETR) et la directive sur l’eau potable, entre autres. Toutefois, l’AEE constate que la mise en œuvre et l’efficacité de ces politiques doivent être améliorées.
La sécheresse qui frappe le Pô en Italie a révélé des implications économiques et politiques plus proches de nous. La vallée du Pô, qui produit environ 40 % des denrées alimentaires du pays, notamment le blé et le riz, n’a pratiquement pas connu de précipitations depuis des mois. Selon la confédération des producteurs agricoles nationaux, l’impact économique estimé pour les agriculteurs dépendant du fleuve s’élèverait à plus de 3 milliards d’euros. Parmi les autres conséquences économiques dramatiques de la sécheresse de 2022 en Europe, citons l’interruption des centrales nucléaires en France en raison de l’assèchement de la Loire et le rétrécissement du Rhin, qui menace de paralyser les opérations de transport maritime.
En Belgique :
En 2019, un rapport de l’Institut des ressources mondiales (WRI) a classé la Belgique au 23e rang sur 164 pays en matière de pénurie d’eau, soit le troisième rang en Europe. La surconsommation d’eau est un problème sérieux en Belgique également. Marc Van Molle, professeur de géographie physique à la Vrije Universiteit Brussels (VUB), a déclaré au Brussels times que la Belgique dépend d’autres pays pour plus de deux tiers de sa consommation quotidienne d’eau. Cela prouve que le temps historiquement pluvieux d’un pays n’est pas un indicateur suffisant de son abondance en eau, et que les gens peuvent toujours utiliser trois fois plus de ressources que la capacité du pays.
L’un des programmes lancés par les organisations gouvernementales en Belgique est le “Deal bleu” flamand, qui affirme que l’eau est une ressource rare et précieuse et que cela ne se traduit pas encore dans notre utilisation quotidienne. C’est pourquoi le Blue Deal s’adresse à tous : le citoyen ordinaire, les villes, l’industrie et l’agriculture. Le Blue Deal reconnaît que la Flandre a été l’un des plus mauvais élèves de la classe en termes de gestion de l’eau et tente de retrouver la texture naturellement spongieuse du sol en mettant en place une législation sur la gestion de l’eau. Comme indiqué, ce Blue Deal s’applique également aux entreprises. La Belgique importe deux tiers de sa consommation quotidienne d’eau, ce qui signifie que l’approvisionnement en eau des entreprises dépend indirectement d’autres pays. Avec le risque d’arrêts de production en cas de sécheresse, il s’agit d’implications potentielles dont il faut être conscient car elles peuvent affecter la continuité des activités des entreprises.
Que peut faire votre entreprise ?
Ces risques soulignent l’importance d’anticiper les crises futures avant qu’elles ne se produisent en optimisant autant que possible l’utilisation de l’eau et en diversifiant les sources d’eau. Donner la priorité à l’eau dans la chaîne de valeur des entreprises et investir dans des stratégies d’atténuation des risques liés à l’eau peut être bénéfique pour les entreprises à de multiples niveaux. Le défi mondial de l’eau crée l’opportunité d’une approche collaborative pour une meilleure gestion de l’eau. En s’engageant en faveur de l’eau, les entreprises ont une grande opportunité devant elles : créer une collaboration avec les entreprises, villes, municipalités et organisations de protection de la nature voisines. Des projets inspirants pour une utilisation efficace de l’eau au niveau intersectoriel sont présentés sur le site Web de Proeftuinen Droogte.
L’accent mis au niveau mondial sur la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et la montée en flèche des prix de l’énergie ont souvent relégué les questions relatives à l’eau au bas de la liste des priorités des entreprises. Cependant, ces sujets ne doivent pas être traités indépendamment, car l’un peut influencer l’autre. En effet, le pompage, le traitement et la distribution de l’eau utilisent jusqu’à 8 % de la production mondiale d’énergie. La réduction de la consommation d’eau entraîne directement la réduction de la consommation d’énergie et des émissions liées au traitement de cette eau avant sa consommation dans la chaîne de valeur. En outre, en investissant dans le transfert du traitement de l’eau des distributeurs d’eau vers le site de l’entreprise, les risques de continuité des activités liés à la dépendance vis-à-vis d’un tiers pour l’eau sont réduits.
Comme indiqué au début de cet article, le défi mondial de l’eau auquel nous sommes confrontés doit être abordé au niveau local. Cependant, étant donné qu’une meilleure gestion de l’eau joue un rôle important dans l’atténuation du changement climatique en libérant des ressources en eau pour alimenter les écosystèmes naturels (par exemple, les villes bleu-vert qui créent un effet de refroidissement et les zones humides qui agissent comme d’importants puits de carbone), il faut comprendre que le fait de relever les défis locaux liés à l’eau contribuera collectivement à l’atténuation du changement climatique et de ses conséquences.
Comment votre entreprise peut-elle réduire son empreinte sur l’eau et améliorer sa gestion de l’eau ? N’hésitez pas à contacter notre experte, Suzanne Reinartz, pour plus d’informations et de conseils sur la gestion de l’eau.