Updated: May 18

Avec la pandémie de COVID-19, les organisations se préoccupent davantage de la santé de leurs employés. Cette crise est enfin l’occasion de s’intéresser à ces questions, de se familiariser avec elles, et éventuellement de mettre en place une politique de prévention dans l’entreprise.
Tout d’abord, il est essentiel de comprendre ce qu’est la santé mentale à travers une définition commune. La santé mentale est définie par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) comme “un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité”. La santé mentale n’est donc pas seulement l’absence d’aspects négatifs mais aussi la présence d’éléments positifs. L’OMS définit un environnement de travail sain comme “un environnement dans lequel il n’y a pas seulement une absence de conditions nuisibles mais, au contraire, une abondance de facteurs favorables à la santé”. A travers cette notion, on peut observer deux objectifs majeurs :
- Améliorer la qualité de vie au travail (objectif principal)
- Protéger et promouvoir la sécurité, la santé et le bien-être des employés.
L’un des principaux fléaux des salariés est le stress au travail. Il est défini comme “une situation perçue par l’individu comme dépassant ses ressources et pouvant mettre en danger son bien-être.” (Lazarus et Folkman, 1984). Les exigences de la situation sont trop importantes par rapport aux ressources dont dispose l’individu, et c’est ce déséquilibre qui provoque le stress.
Il va sans dire que le stress au travail a un impact très négatif sur l’individu. Plus précisément, il peut entraîner des problèmes psychologiques (anxiété, rumination, erreurs, etc.), physiques (maladies cardiovasculaires, déficience immunitaire, etc.), comportementaux (fuite, retrait, etc.) et interpersonnels (irritabilité, agressivité, etc.). Tout cela peut affecter la santé mentale de l’employé et conduire à la dépression, au burn-out, au bore-out, au brown-out, etc. Ce stress et ce mal-être vont également avoir des répercussions sur l’entreprise puisqu’ils entraînent un taux d’absentéisme plus élevé, une baisse de la productivité et de l’engagement des salariés. C’est toute la productivité de l’entreprise qui est en jeu. De plus, l’employeur risque de souffrir d’une mauvaise image de marque et d’une mauvaise réputation.
Pour éviter cela, le marché du travail a donc un réel intérêt à promouvoir la santé mentale des employés.
Comment le faire en pratique ?
La psychologie de la santé au travail cherche à comprendre les processus psychologiques impliqués dans les problèmes de santé au travail chez les salariés. Nous nous intéressons donc à l’individu dans son environnement de travail. Cependant, il est important de préciser que l’individu est à comprendre comme un ” système complexe “. Nous évoluons tous avec nos croyances, notre personnalité et nos émotions. Toutes ces caractéristiques entraînent une réaction différente dans la sphère professionnelle pour chaque individu. Il n’est donc pas souhaitable de dissocier l’individu du salarié.
La psychologie de la santé au travail s’inscrit dans deux perspectives : examiner et comprendre ce qui nuit à la santé des employés, mais aussi observer ce qui favorise le bien-être des employés.
Il existe trois niveaux d’intervention possibles pour réduire le risque de stress lié au travail :
- Primaire : Prévention
Il s’agit d’une phase de diagnostic. L’objectif est de réduire les facteurs de stress professionnel en agissant à la source sur l’organisation du travail, les styles managériaux, les conditions de travail. Nous allons donc identifier les causes des dysfonctionnements potentiels rencontrés au sein de l’organisation (risques psychosociaux, situations de tension au travail, etc.)
Pour éviter cela, il est nécessaire de procéder à des audits réguliers. Qu’est-ce qui est déjà en place dans l’entreprise pour limiter les risques ? Quels sont les outils utilisés ? Les employés et les cadres sont-ils sensibilisés à ces questions ?
En parler et partager les connaissances est déjà une forme de prévention. On peut afficher dans les locaux des posters de sensibilisation aux maladies professionnelles ou aux facteurs de risques psycho-sociaux, communiquer avec les salariés, avoir des référents en matière de bien-être au travail, ou encore envoyer régulièrement des questionnaires sur la qualité de vie au travail (comme une enquête sur le bonheur).
Il est également essentiel de créer un environnement de travail agréable et ergonomique, propice à la concentration. Des aires de repos peuvent être aménagées. Outre les locaux, les managers ont également une responsabilité majeure dans l’épanouissement des salariés. Autonomie et confiance, fixation d’objectifs clairs et réalisables, respect de la vie privée, reconnaissance… tous ces aspects sont propices au bien-être au travail.
- Secondaire : Limiter et corriger
Ici, nous cherchons à mettre en place des actions destinées aux employés pour gérer les situations de tension. Nous cherchons à limiter les dommages déjà présents et/ou leurs conséquences possibles. L’idée est de donner aux employés les outils pour lutter efficacement contre le stress ou d’autres risques, par le biais de séances de coaching (individuel ou collectif). Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont largement utilisées et adaptées, ainsi que la relaxation pour réduire le stress au niveau physiologique. L’objectif global est que les personnes soient capables d’agir sur leurs processus de pensée, et leur réponse émotionnelle. Pour ce faire, nous décomposons le processus réactionnel : “Quelle est la situation qui me cause du stress ?”, “Comment je l’interprète ?”. ” Quelles émotions et réactions comportementales en découlent ? “.
- Tertiaire : Réparer
L’objectif est de réduire la détresse en aidant les employés qui souffrent déjà. Il s’agit d’un soutien individualisé, où une réelle prise en charge par un psychologue est nécessaire. Une cellule de soutien psychologique peut être proposée en cas d’incident critique (mal-être important, agression sur le lieu de travail, suicide d’un salarié, etc.)
De nombreux facteurs de risques psychosociaux peuvent être présents au sein de l’entreprise. Le stress, le harcèlement, la discrimination ou toute autre forme de violence porteront atteinte à l’individu. Nous avons tous un rôle à jouer dans nos organisations pour limiter ou éliminer ces facteurs.
Pour toute question ou autre information, veuillez contacter Claire Beaurianne via [email protected].