Les transports : un obstacle majeur aux objectifs climatiques de l’UE
Depuis des années, l’Union européenne adopte des politiques climatiques et énergétiques visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de tous les secteurs. Cette réduction a été accomplie dans tous les secteurs, sauf un : le transport, qui représente un quart des émissions de GES de l’UE. En effet, les émissions du transport ont augmenté en Europe de 33,5 % entre 1990 et 2019. En particulier, les émissions de l’UE dues au transport routier ont considérablement augmenté au cours des trois dernières décennies pour prendre la plus grande part, 70 % des émissions du transport, tandis que le reste des émissions provient principalement du transport maritime et aérien.
Le Green Deal européen comprend un ensemble de propositions visant à assurer la transition vers une mobilité plus verte qui offre à chacun des transports propres, accessibles et abordables. Conformément à l’ambition de devenir le premier continent neutre sur le plan climatique d’ici 2050, le secteur des transports de l’UE doit réduire 90 % de ses émissions. Toutefois, la Commission européenne prévoit que les émissions de CO2 dues aux transports augmenteront de 3,5 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990, puis diminueront ensuite de 22 % d’ici à 2050. En d’autres termes, la réduction de 90 % pourrait rester un objectif non atteint, faisant du transport un obstacle majeur à la réalisation des objectifs climatiques de l’UE.
Les incidences négatives du transport ne se limitent pas aux émissions de GES, car le transport est également une source importante de pollution atmosphérique et sonore dans les villes. Les polluants atmosphériques primaires tels que les particules (PM) et le dioxyde d’azote (NO2) peuvent nuire gravement à la santé humaine et provoquer des décès prématurés. Pour plus de précisions, les matières particulaires sont des particules microscopiques de solides ou de liquides en suspension dans l’air, dont la taille varie et qui sont constituées de différents composants tels que la poussière, le sol, les nitrates, les sulfates, les métaux et autres. Les êtres humains peuvent inhaler ces minuscules particules, qui provoquent des éternuements, de la toux, des irritations et un essoufflement à court terme, ainsi que des maladies pulmonaires, de l’asthme et des maladies cardiaques à long terme. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que les émissions polluantes des moteurs provoquent chaque année 75 000 décès prématurés en Europe. En outre, l’infrastructure de transport se développe en fait au détriment des terres naturelles et des écosystèmes, ce qui accroît la perte d’habitats et le changement d’affectation des sols.
Qu’est-ce qui a été fait jusqu’à présent ?
Ces dernières années ont été marquées par plusieurs réformes, ou du moins tentatives de réforme, dans le secteur des transports dans plusieurs pays européens, les autorités ayant pris conscience de l’énorme menace que représente ce secteur et la demande publique pour des villes plus propres et plus sûres ayant augmenté. Ces réformes ont consisté à réaffecter l’espace public à la marche, au vélo et à la verdure, à investir dans les transports électriques, partagés et publics, et à éliminer progressivement les voitures à essence, diesel et gaz dans les villes. En outre, les législateurs du Parlement européen ont voté en juin 2022 en faveur d’une interdiction effective de l’UE de vendre de nouvelles voitures à essence et diesel à partir de 2035, une décision qui ouvrira la voie à un avenir plus propre et plus sain.
À plus petite échelle, de nombreux plans et initiatives ont également lieu au niveau régional. En 2020, la Région de Bruxelles-Capitale a mis en place Good Move, un plan de mobilité urbaine durable visant à lutter contre la congestion et la pollution. L’objectif principal de ce plan est de changer les habitudes de mobilité des résidents en faisant de Bruxelles une ville où la marche et le vélo sont faciles et sûrs. Cependant, les chiffres actuels soulignent encore une utilisation élevée de la voiture et la congestion de la ville. La mise en œuvre de tels plans peut prendre du temps et avoir certains “effets secondaires”. Les modifications apportées au plan de circulation Good Move, entrées en vigueur en août pour empêcher les voitures de traverser le centre-ville en les détournant vers le périphérique, ont augmenté les embouteillages sur le périphérique de Bruxelles. Mais le bon côté des choses, c’est que plusieurs rues seront bientôt interdites aux voitures et deviendront pour les piétons.
La demande des citoyens pour des espaces verts et des rues piétonnes est en fait en hausse. Une enquête en ligne réalisée par YouGov l’année dernière a montré que 82 % des habitants de plusieurs villes européennes souhaitent davantage d’espaces verts dans leur ville.

En février 2022, Clean Cities a testé 36 villes européennes pour évaluer leur parcours de transition vers la mobilité. L’évaluation a englobé de nombreux facteurs, allant des espaces pour la marche et le vélo à la sécurité routière, en passant par l’accessibilité financière des transports publics et la qualité de l’air, entre autres. Oslo s’est classée en tête du rapport, suivie d’Amsterdam, tandis que Naples est apparue en queue de peloton pour son manque de voies piétonnes et cyclables, sa mauvaise qualité de l’air et ses embouteillages.
Que peuvent faire les entreprises pour minimiser leurs émissions liées à la mobilité ? Et que fait Greenfish, qui fait partie d’Accenture ?
Les entreprises sont également impliquées dans cette transition verte pour contribuer à répondre aux ambitions de l’Europe et garantir un avenir plus sûr pour tous. En proposant des options de mobilité durable, les entreprises peuvent réduire considérablement leurs émissions et leurs coûts. Le gouvernement belge a pris des mesures, comme le budget mobilité, pour offrir aux entreprises des options et des solutions de mobilité pour leurs employés.
Pour mettre nos objectifs en action, Greenfish partie d’Accenture a mis en œuvre le budget mobilité en septembre 2019 pour réduire ses émissions liées à la mobilité, qui se trouvent être sa plus grande source d’émissions. En 2020, le nombre de voitures de société dans nos bureaux belges a dépassé 100. Ce nombre a diminué en 2021 pour atteindre 76, tandis qu’aujourd’hui nous sommes à 71 voitures de société sur 122 employés éligibles à cette option.
Qu’est-ce que cela signifie en termes d’émissions ? Nous avons estimé économiser un peu moins de 2 TCO2e chaque fois qu’un employé n’opte pas pour une voiture de fonction. Cependant, les autres émissions liées aux transports publics ne sont pas calculées dans cette estimation. Le graphique ci-dessous clarifie l’évolution de nos émissions entre 2018 et 2021.

Le budget mobilité n’était pas la seule solution que nous avons proposée pour réduire notre impact. L’ouverture de nouveaux bureaux à Anvers et à Gand par exemple, en plus de notre bureau à Bruxelles, a permis de minimiser l’utilisation de la voiture de nos employés en Flandre. Quelle que soit la taille de votre entreprise et le nombre d’employés que vous avez, agir reste une nécessité.
Compte tenu de l’importance des transports pour les entreprises et les chaînes d’approvisionnement mondiales, la décarbonisation du secteur de la mobilité est une nécessité pour garantir la stabilité économique ainsi qu’un avenir sûr et rentable. Approuver les bonnes lois, c’est bien, mais la véritable réussite réside dans leur mise en œuvre. C’est pourquoi la semaine européenne de la mobilité est un rappel pour chacun de suivre les progrès de la transition vers la mobilité dans l’UE, un objectif nécessaire pour favoriser le marché unique et accroître la connectivité entre les régions d’Europe.